La naissance de Rosemarine

Avant même d’avoir trouvé un potentiel papa pour mon futur bébé, alors que l’idée d’être mère ne m’attirait pas encore, j’avais déjà décidé que, si un jour j’avais un enfant, j’accoucherais dans l’eau. Depuis, j’ai rencontré un compagnon avec lequel tenter l’aventure, déniché une maternité branchée sur les méthodes douces (Aigle) et conçu avec mon amoureux un petit être qui, devant pointer son bout de nez à la mi-mars, s’annonçait sous le signe des poissons. Ce qui paraît idéal quand on prévoit d’accoucher dans l’eau… La sage-femme conseillère avait pris notes de toutes mes instructions : ni anesthésiant (d’ailleurs la péridurale est incompatible avec l’accouchement dans l’eau), ni épisiotomie, ni déclenchement « artificiel » de l’accouchement. Sauf qu’à la place d’un poisson glissant tout seul vers le large, je berçais dans mon utérus un petit bélier qui s’est accroché de toutes ses forces, attendant le printemps pour faire son entrée…
Mon gynécologue l’avait pourtant répété : ça ne se passe jamais comme on l’a prévu. Bébé a patienté deux semaines au-delà du terme annoncé et serait bien resté quelques jours de plus si des hormones de synthèse n’avaient pas accéléré le travail. Le lundi soir, après un week-end de contractions sporadiques mais douloureuses, je menaçais de m’enchaîner à la salle de consultation si on me disait encore que mes contractions, qui s’inscrivaient à peine sur l’écran du monitoring, n’étaient pas encore les « vraies » contractions de travail. Ils m’ont donc gardée la nuit (j’ai connu à ce moment mes premières vraies nausées de femme enceinte !) et le lendemain matin, j’entrais en salle d’accouchement, quand bien même je n’étais toujours dilatée que d’un petit centimètre seulement. J’ai pu alors écouter les CD que j’avais préparés (Peter Gabriel pour la magie et Simon and Garfunkel pour le moral) en me balançant sur un gros ballon. Génial. Mais long : la dilatation ne progressait pas vraiment. Donc ocytocine dans le goutte-à-goutte pour accélérer le travail. Dans l’après-midi, je suis enfin entrée dans ma chère baignoire. Efficace : d’une dilatation de deux ou trois, j’ai passé en une heure à une dilatation de six. J’ai perdu le liquide amniotique dans l’eau (ça faisait des bulles !) mais, dépassée par la douleur, j’ai demandé une péridurale… Je suis alors sortie de l’eau pendant que la sage-femme négociait avec l’anesthésiste (l’intervention n’est en principe pas possible ailleurs que dans la salle ad hoc).
J’ai finalement obtenu une péridurale déambulatoire qui m’a rendu mon corps et ma tête. Moins assommante que la péridurale traditionnelle, elle permet à Maman de se déplacer et, surtout, de pousser Bébé dehors. Grâce à l’anesthésie, j’ai pu vivre les contractions et les utiliser pour aider Rosemarine à se frayer un chemin à travers moi. Et là, ça s’est passé très, très vite. On me montrait à peine la couronne de sa tête dans un miroir que je poussais un peu plus, découvrant subitement mon bébé en entier, complètement hébétée par le changement de milieu. Elle était tellement sonnée que je n’ai pu la garder que quelques secondes sur moi. Pendant qu’on délivrait le placenta, elle a été emmenée dans une autre pièce afin que ses poumons soient dégagés, ce qui ne m’a pas trop inquiétée, comme si mon enfant courrait moins de danger « dehors » qu’en restant plus longtemps à l’intérieur de mon corps… Elle m’a été rendue quelques minutes plus tard (j’avais dépêché son père pour surveiller !) afin que nous puissions faire connaissance.
Rosemarine est née à sept heures du soir. J’avais rêvé d’une naissance « naturelle » mais j’ai encore préféré vivre un accouchement supportable grâce à la péridurale et aux hormones d’accélération du travail. La sage femme stagiaire qui m’accompagnait m’a soutenu, écoutée, encouragée ; elle a même fait des heures sup. pour rester jusqu’au bout. Mon mari était formidable aussi et je parie qu’il aurait bien pris la souffrance sur lui pour me soulager. Grâce à ses massages, qui ont assoupli mon périnée, je n’ai pas eu d’épisiotomie, ni de déchirure, malgré ma peau de rousse (pour la sage femme ordinaire, peau de rousse signifie épisiotomie).
Je me savais douillette mais comme j’ai entendu depuis mon enfance que « dans la famille, on accouche comme des lapines », je ne craignais pas trop la souffrance de l’accouchement. Finalement, je n’ai pas suivi la coutume familiale – j’ai plutôt donné dans le style tortue que dans le style lapin. Mais comme Rosemarine est née la semaine de Pâques, sa grand-mère la surnomme désormais « mon lapin. » La tradition est sauve !

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Commentaires

Merci de ces gentil message et des généreux souhaits de bonheur.

Pour répondre à Bebebern sur l'allaitement:
Allaiter faisait aussi partie de mon rêve de maternité. Mais c'est drôlement dur, en tous cas au début. A la maternité les sages-femmes empoignaient mon téton pour le flanquer dans la bouche de Rosemarine. Après, j'ai connu les crevasses, bébé qui s'impatiente à force d'être mal positionnée (par moi) puis repositionné par les sages-femmes... Mais je tiens le coup. Et j'ai des aides: protège téton (j'ai dû promettre de ne pas l'utiliser tout le temps mais je ne m'en passe plus; ça faisait tellement mal) et le tire-lait.

Mon mari, qui était un peu frustré de ne pas pouvoir satisfaire le désir numéro un de sa fille, lui donne un biberon de mon lait chaque soir. Cela me permet de dormir sept heures de suite ! Le rêve pour une maman de nouveau-né ! D'abord, j'ai loué un tire-lait électrique à la pharmacie mais ça revient cher (chez Medela: 50 fr. pour le matériel personne puis 100 fr. par mois environ) alors j'ai acheté un appareil manuel (enfin la pompe qui va avec le matériel acheté pour le tire-lait électrique).

Cela se passe assez bien maintenant et j'espère pouvoir allaiter longtemps, en tous cas trois mois. C'est drôle: la génération de nos mères n'a pas vraiment été encouragée à allaiter. Ma belle-mère, par ailleurs adorable, insiste pour que je donne au moins un biberon de lait en poudre par jour à sa petite fille afin qu'elle ait assez à manger, suggérant que je n'ai pas assez de lait (c'est ce que les femmes ont entendu pendant des lustres). C'est que Rosemarine adore téter: elle tète tout le temps, elle tétait même dans mon ventre, nous l'avons vu sur la dernière échographie. Du coup, aussitôt qu'elle pleure, elle tète de l'air et tout le monde s'exclame "mais elle a faim". Mais je résiste ! Comme elle prend assez de poids, je m'accroche. Je crois que c'est important pour installer une relation entre elle et moi, surtout que nos premiers instants ont été un peu... stressant. Allaiter m'apprend la patience (quarante minutes assise, sans écrire ni rien faire de mes mains, six fois par jours, cela ne m'était jamais arrivée.) Mais j'y prends goût. Et Rosemarine en redemande.

Et toi, et les autres, ça se passe comment ?

DauphinQuiRit

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