Anniversaire : Les grossesses in vitro ne sont plus taboues

Bonjour, un article intéressant sur la Tribune de Genève
http://www.tdg.ch/savoirs/sante/grossesses-in-vitro-taboues/story/21833525

Experte en médecine de la reproduction, la doctoresse Dorothea Wunder du CHUV fait le point sur la reproduction assistée, alors que le premier bébé-éprouvette français fête aujourd’hui ses 30 ans.

La petite Amandine fête vendredi ses 30 ans. Elle est le premier bébé-éprouvette né en France. A l’époque, la reproduction assistée n’était pas vue d’un bon œil par tous. Depuis, la science et les représentations sociales ont fait du chemin. C’est ce que raconte Dorothea Wunder, médecin cheffe à l’Unité de médecine de reproduction à la maternité du CHUV, à Lausanne.

Amandine était-elle le premier bébé-éprouvette au monde? Non, le premier est une petite Louise Brown. Elle est née en Grande-Bretagne le 25 juillet 1978. Elle est issue des recherches de Robert. G. Edwards, le père de la médecine reproductive, qui a mis dix ans à parvenir à un résultat. Il a reçu d’ailleurs le prix Nobel de médecine en 2010. En Suisse, le premier bébé-éprouvette est né au Tessin une année après Amandine, en 1983.

Comment sont nés ces enfants? Louise Brown est née en cycle naturel, ce qui signifie que sa mère n’a pas reçu de stimulation hormonale pour fabriquer plus d’ovocytes (n.d.l.r.: la moitié féminine d’un embryon). Les médecins ont prélevé chez elle un ovocyte en pratiquant une ponction abdominale avant l’ovulation. L'ovocyte a ensuite été mis en contact en laboratoire avec les spermatozoïdes du père sans en influencer la destinée. «C’est le meilleur qui a gagné», comme dans le cas d’une fécondation naturelle. L’embryon qui a apparu a ensuite été inséré dans l’utérus de la mère, là où il peut s’implanter.

La méthode a-t-elle changé aujourd'hui? On pratique des stimulations ovariennes ou hormonales pour pourvoir récolter et implanter plusieurs ovocytes, car le taux d’échec est encore important: sur 10 ovocytes, seuls 6 ou 7 seront fécondés. Cette stimulation est aussi motivée par la réalité d’une stérilité qui est difficile à vivre pour un couple et d’un traitement qui reste encore très lourd. Une grande avancée a ensuite été marquée par l’arrivée de la ponction des ovocytes par voie vaginale, qui est beaucoup moins invasive que la ponction abdominale. Mais un pas majeur a surtout été franchi en 1991 avec la mise au point de l’ICSI (Micro-injection spermatique intracytoplasmique) pour traiter l’infertilité masculine. L’idée est de donner un coup de pouce, par le biais d’injections, aux spermatozoïdes pour qu’ils parviennent à féconder l’ovocyte. Le diagnostique préimplantatoire, encore interdit en Suisse, nourrit enfin de nombreux espoirs: en cas de grave maladie génétique, il permet de sélectionner les embryons sains à implanter dans le corps de la mère.

Vers quoi se concentre la recherche actuellement? Un «retour à la nature» est en cours. Les chercheurs se rendent compte que l'hyperstimulation hormonale peut être dangereuse pour la femme et endommager les noyaux de l’embryon. Une tendance est donc de revenir à une stimulation plus douce, plus naturelle. Des améliorations sont aussi attendues pour éviter les grossesses multiples à hauteur de 15%-20% actuellement, contre 2% en cas de fécondation naturelle. La loi autorise actuellement de transférer jusqu’à trois embryons par essai. Il faudrait pouvoir n’en transférer qu’un seul pour être plus proches de la nature. Le taux de grossesse (pour l’instant de 30% à 35% par transfert en moyenne) devrait aussi être augmenté, il y a notamment beaucoup de recherches sur l'amélioration de l’implantation. Enfin, des études sur le devenir des enfants conçus par FIV-ICSI ont montré qu’ils présentaient un taux légèrement plus élevé de malformations que la norme, sans qu'on en comprenne pour l'instant les causes.

La conception d’embryons en laboratoire avait suscité un vif débat éthique au début des années 1980. Avez-vous le sentiment que les mentalités ont évolué depuis? Une énorme évolution s’est fait sentir depuis surtout 10-15 ans. Les grossesses in vitro ne sont plus taboues. Mais il y a toujours des personnes pour dire que la volonté divine est derrière l’infertilité d’un couple, même si aujourd’hui, l’infertilité est reconnue comme une «maladie» par l’Organisation mondiale de la santé. Les critiques à l’égard de la médecine de reproduction peuvent aussi être très justifiées, par exemple, quand des spécialistes aident des femmes de plus de 70 ans à procréer… alors qu'elles auront autour des 90 ans quand l’enfant sera majeur (si elles vivent encore). Le bien du futur enfant devrait être considéré en premier.

Les enfants conçus par in vitro à l'exemple de Louis Brown et d'Amandine n’ont-ils pas aidé la cause? Certainement. Louise Brown a d'ailleurs elle-même eu des enfants, et sans recours à la médecine reproductive.

Merci pour cet article.

J'aime ce passage: "... même si aujourd’hui, l’infertilité est reconnue comme une «maladie» par l’Organisation mondiale de la santé."

Si l'OMS reconnait l'infertilité comme une maladie alors les caisse devront prendre en charge une partie du traitement.

Une lueur d'espoir peut-être en vue d'acceptation des dons (ovocytes ou double don) et d'une prise en charge des caisses maladies.

Merci au CPMA.
Grâce à la médecine, nous tenons notre rayon de soleil dans nos bras depuis le 25.12.2014.
Quel bonheur!