Apprendre la désobéissance

Alors moi, je te fais part de mon expérience par rapport à l'armée.
Je suis premier lieutenant et depuis l'école de recrue, jusqu'à l'école d'officier, et encore après, la règle de base c'est SUIVRE LES REGLES ET LES ORDRES...
Hum ouais... Bon... Ok... on suit, c'est pour notre bien.

Mais parfois, les règles et les ordres sont cons... Ou mettent notre vie en danger. Et la la règle à suivre c'est: Ne pas suivre les règles. :-)

Pendant un cours de répétitions j'avais ordonné une chose, sans vraiment réféchir au conséquences, un de mes hommes me l'a dit, lui il ne ferai pas... J'ai accepté de m'être trompé. Et j'ai été contente qu'il ose me dire non, au lieu que qqch de grave se passe.

J'apprendrai également à mon fils de suivre les règles, mais que du moment ou cette règle trépasse le bon sens, ou les valeurs que je lui ai appris, il peut dire NON

Petit point femme célèbre!
Il me semble avoir lu que Michelle Obama avait toujours été encouragée par sa mère durant son enfance à poser des questions et remettre en cause ce qu'elle voyait et entendait. Toute question était valable.

Alors peut-être au lieu de dire: obéir ou ne pas obéir ne faudrait-il pas changer l'énoncé en: savoir se poser des questions?

C'est ce que, dans l'idéal, j'aimerais inculquer à ma fille. Dans les faits, ça ne marche pas toujours si bien malheureusement.

Il y a un seul mot qui me vient dans ce contexte : le libre-arbitre.
Au collège (niveau bac à Fribourg donc, vers 16 ans), on avait un très bon prof d'histoire (qui me détestait mais c'est un autre débat :P) qui nous a vraiment appris l'esprit critique.
Il faut toujours remettre en question ce qu'on nous raconte, ne pas gober tout et n'importe quoi sous prétexte que c'est dans un livre ou à la télé.

L'esprit critique s'apprend, mais pas le libre-arbitre qui se développe. Et l'esprit critique ne peut s'acquérir qu'à partir d'une certaine forme d'éducation (désolée de le dire, mais une personne au QI de 80 ne bronchera pas si on lui dit demain que la terre va exploser).

Je doute que toi, moi, nous, mères-pères-familles puissions leur apprendre cela, du moins à un jeune âge. Ce n'est qu'à l'adolescence que ça prend forme.
C'est d'ailleurs assez typique l'histoire de la petite de 12 ans qui a obéi aveuglément au contrôleur, sans elle-même se poser de questions ou sans protester. Elle ne se sera rendue compte qu'une fois dehors du train de sa situation et ne sera même pas fâchée contre lui mais contre elle-même d'avoir oublié son abo et acceptera la "punition" des 20 kils de marche...

Donc ma "réponse" est pourrie, j'en conviens, mais je pense que cet esprit de désobéissance intelligent ne peut pas exister avant un certain âge...

question très intéressante
en gros (je reviendrais dessus quand j'aurais plus de temps et plus d'inspiration), je crois que l'important n'est tant d'apprendre à suivre des règles... mais plutôt d'apprendre à l'enfant à réfléchir.
Par exemple : Tu as le choix entre traverser la route au feu ou la traverser n'importe comment.
La règle dit : Tu dois traverser au feu !
La réalite dit : On traverse n'importe comment
La réflexion : on peut traverser n'importe comment, mais c'est dangereux. Je vais traverser au feu car c'est plus prudent.

sauf qu'un jour... le feu est en panne, et le passage pour traverser est a un endroit dangereux.
La règle dit : On traverse au feu !
la réalité : on traverse n'importe comment
la réflexion : le feu est en panne, le lieu est dangereux et 50m plus loin j'ai une meilleure visibilité et donc traverser est moins dangereux... je traverse n'importe comment car ce sera plus prudent...

je ne sais pas si mon exemple est clair ? euh il va sans dire qu'avant un certain âge, on est pas capable de ce genre d'analyse et de décision

Ton post me parle et m'interpelle.
L'exemple est frappant parce qu'en effet les conséquences pour avoir suivi le règlement à la lettre auraient pu se révéler fâcheuses.
En même temps, la gamine de 12 ans n'aurait peut-être pas pu raisonner le contrôleur même en lui expliquant la situation, il l'aurait probablement jetée du train quand même.

Je pense que pour faire preuve de libre-arbitre, il faut d'abord leur apprendre à suivre les règles. Sans les pousser à devenir des moutons noyés dans la masse non plus...
Si je pense à mes jumeaux de 4ans, leur libre-arbitre se résume pour le moment à combler leurs désirs immédiats. Donc on ne peut pour le moment ni parler de libre-arbitre, ni de bon sens, ni de conscience.
A partir d'un certain âge (lequel exactement je ne sais pas) ça devient tout à fait possible et même souhaitable d'apprendre à nos enfants à ne pas croire tout et n'importe quoi, que papa et maman n'ont pas toujours raison, que quand on leur donne un ordre ils ont le droit de refuser si cela remet en cause leur sécurité ou leur éthique etc...
Mais pour pouvoir accéder à tout ça, il faut à mon sens d'abord commencer par éduquer nos enfants, leur apprendre quelles sont les règles dans la vie en général, apprendre à les suivre et à les respecter.
Avec mes petits, je leur montre déjà que parfois j'ai tort, que je peux aussi me tromper, et que des fois je ne connais pas toutes les réponses à leurs innombrables questions, mais pour le moment, le 90% de l'éducation c'est l'apprentissage des limites, des règles, du respect etc...

Je me pose la même question car j’ai envie que mon fils respecte les règles de l’endroit où il est et d’un autre côté je voudrais qu’il ait cette liberté de penser et d’agir selon sa vraie nature et dans le respect de l’être humain et de la vie.
Ce que je fais déjà ; c’est que mon fils soit en contact avec ses 2 cultures et ses 2 (peut-être) langues maternelles. A 15 mois, il a déjà côtoyé des personnes vivant avec un handicap mental car je voudrais que depuis tous petit il s’habitue à la différence, car cette différence parfois est belle et enrichissante.

Je ne voudrais pas les transmettre mes peurs car je n’aimerais pas qu’il ait mes préjugés.
Depuis qu’il a été dans mon ventre, je l’ai fait confiance, il a été un peu une surprise. J’ai eu une belle grossesse et un bel accouchement et pour remercier à mon bébé de tout ceci je compte l’éduquer tout en respectant sa liberté d’être humain, déjà maintenant quand je vois qu’il monte sur le canapé, je ne me précipite pas en lui criant nonnnn, il fait ses essais et s’il tombe, j’essaierais de le tenir …

Quand on voit des mendiants avec des enfants dans la rue ou des musiciens de fois on s’approche à eux et si on a un truc à partager nous le fessons

J’aimerais que mon fils ait conciense que nous vivons dans une société avec des règles à respecter mais que surtout il faut être respectueux et solidaire avec autrui, même si parfois il faut « transgresser » certaines règles »

Coucou,

Très bonne question...Je me permets de vous mettre ce que j'ai mis dans un autre post.

"...
Par contre, j'ai été obligé de mentir quand j'étais au gymnase. Et pas pour un congé ou des vacances. En fait, j'ai fait mon gymnase à Payerne dans la première volée du gymnase. Pendant mon gymnase, j'ai remarqué que je ne voulais absolument pas faire des études ou hautes écoles mais un apprentissage. Je sais, vous allez me dire, pourquoi tu as été au gymnase ? Parce que c'était la suite logique de ma scolarité et que je n'avais pas eu ma révélation à l'époque. Quand je l'ai eue (en 2ème année de gymnase), c'était clair que vu que j'avais commencé, j'allais finir. Ma meilleure amie aussi voulait (et a fait) un apprentissage. En troisième année, j'ai postulé dans divers endroits. Et il a fallu que j'aille aux entretiens...Avec ma meilleure amie, on a donc fait les choses en ordre. Demande de congé par les parents. Et bien ils nous ont refusé. La raison : On ne vient pas au gymnase pour faire un apprentissage, ça allait détruire leurs statistiques de première volée et qu'il fallait qu'on réfléchisse sérieusement à pourquoi on était là et à notre vie future et que en gros, les profs n'avaient pas de temps à perdre avec des cas comme nous et qu'on volait des places à ceux qui ne pouvaient faire qu'un apprentissage...Super.

Du coup, on a été malade quelques fois. C'est ma maman qui a pris les choses en main sinon moi je les aurai écouté. Super de se recevoir ça en pleine figure à 17 ans. Nous on avait droit à 0 heures de congé mais ceux qui voulaient aller visiter les universités, c'était illimité donc au final, on a beaucoup moins manqué que ceux qui ont visité plusieurs universités. La logique du système...

Du coup, j'ai fait un apprentissage que j'ai fini l'été passé brillamment (5ème du canton de Vaud) et depuis j'ai un super job que j'adore. Et ma meilleure amie aussi...A les écouter, j'aurai mieux fait d'être triste en études...

Enfin, ça a pas grand chose à voir mais c'est juste pour montrer que dans certaines situations, on a pas le choix de mentir...
"

Dans ma situation, si j'avais écouté le système, j'aurai fait des études, été triste, pas rencontré chéri et je ne serai pas sur le point de me marier. Et moi je suis pas du genre à me rebeller donc heureusement qu'il y avait ma maman...Donc oui, comme dit plus haut, il faut avoir l'esprit critique...Pas facile mais très important.

Par rapport au contrôleur, ça m'avait aussi interpellé il y a quelques temps. Je crois que c'était au Sud de la France. Des filles voyageaient sans billets et elles se sont fait mettre dehors du train et ensuite, elles se sont fait chouté sur l'autoroute.

Je pense que c'est aux parents d'apprendre ça à leurs enfants comme tu dis. Ma mère m'a ouvert les yeux avec cette histoire qui m'a fait réalisé que tout ce qui vient d'au-dessus niveau autorité n'est pas toujours bon à prendre...

Ptiteplume

J'ai pas tout lu, mais je vous raconte une petite histoire qui s'est passée avec mon fils de 5 ans il y a quelques temps. Il rentrait de l'école seul et il n'a pas le droit de traverser là route. Sauf qu'il y avait une camionnette parquee sur le trottoir pour faire des travaux donc il pouvait pas passer sans devoir traverser la route. Et bien il est resté sur le trottoir sans bouger, les ouvriers lui ont proposé de l'aider à traverser, il a dit non, j'ai pas le droit. Une dame qui habite le village a passé et lui a proposé de l'aider à traverser, même réponse : non, j'ai pas le droit. Puis elle lui a demandé s'il était d'accord de traverser si elle lui donnait la main et là il a finalement accepté. Je lui ai expliqué que s'il ne pouvait pas passer sur le trottoir et bien dans ce cas il pouvait traverser, et il m'a répondu que j' aurais dû lui expliquer ça avant.
Donc pas facile de leur faire comprendre que dans certains cas, ils peuvent désobéir...