Après réflexion, voici (enfin) mon accouchement... (Très long désolée.......)

Cela faisait un moment que l'on en parlait, et un jour, nous avons vu que nous étions prêts les 2 à être parent, à fonder une famille grâce à notre amour. C'est donc avec la plus grande joie que j'ai arrêté la pilule, puis nous avons commencé les fameux « essais ». Quelques semaines plus tard, mes règles ne venant pas, j'ai décidé sans grand conviction de faire un test de grossesse... Et c'est à partir de ce jour-là que ma vie entière allait changer... En y repensant, jamais je n'aurai pensé que 2 petites lignes sur un test signifiait autant de changement dans une vie :o)

J'ai eu l'énorme chance d'avoir une merveilleuse grossesse, une grossesse avec beaucoup de joie partagée avec mon entourage, et un mari très présent. Nous avons fait les cours d'haptonomie et il a pris très au sérieux son rôle de Papa, en faisait les exercices presque chaque soir... Il me remettait le bassin, parlait aux bébés, caressait mon ventre avec amour quand je lui criais « Viens viiiiiiiiiiiite!!! Ils donnent les 2 pleins de coups de pieds!!!! C'est hallucinant »

Il n'était pas peu fière que je porte la vie, et ce en plus grâce à lui ;o) Lorsque c'était possible, il m'accompagnait aux échos et aux contrôles, ce fut de merveilleux moments pour la vie de couple, déjà d'apprendre qu'il y avait 2 bébés, puis d'apprendre que c'était 2 filles, ce fut une expérience unique, à jamais gravé dans ma mémoire... Puis un jour, un vendredi, après discussion avec mon gynéco par téléphone, il me conseilla de me rendre dans un hôpital le mardi d'après afin de me faire des injections pour la maturations pulmonaires de mes bébés comme j'étais à environ 30 semaines. Je fus surprise qu'il me fasse aller ainsi subitement, sans trop de contrôle et de chichis, mais je me dis, il sait ce qu'il fait je suis pas la première future Maman...
Je me rends donc ce fameux mardi dans cet hôpital, je devrais y rester une nuit et deux jours, alors je prends pas trop d'affaires avec moi, 2-3 trucs, style un nouveau slip et une brosse à dents ;o)
Et c'est à partir de ce jour-là que tous les plans prévus ont changés, et que finalement je ne suis rentrée à la maison que plus d'un mois après...

Ce mardi là, on m'installe dans une chambre, et c'était rigolo car une autre future Maman de jumeaux était là pour faire les mêmes injections que moi. C'est donc avec plaisir que l'on a fait connaissance, et que l'on partageait nos expériences de future Maman de jumeaux. La première injection se fit dans la matinée, ils nous on prévenu que si on avait comme des crampes, soit des contractions, on devait immédiatement leur signaler. Mais au début, rien en vue tout va bien. Après le diner, je commence à avoir mal au bas du ventre, ça faisait des crampes mais style j'ai mangé un truc qui passe pas, je vais devoir aller vite vite aux toilettes........ Et je vais aux toilettes, ça continue ces crampes, mais ça devient plus fort, et différent... Je retourne dans mon lit et attends un peu... En fin d'après-midi, j'avertis une sage femme de ces crampes, elle me pose le monito, et là, grosse première surprise, j'ai de très grandes contractions, toutes les 8 minutes... Ne sachant pas que faire, elle décide de dire au gynéco qui me suit de passer me voir. Il vient dans le début de soirée, et me dit qu'ils n'ont pas le choix, qu'ils doivent quand même me faire demain matin la 2ème injection car on dirait que le travail commence, et à 30 semaines, bien sûr les bébés ne sont pas encore vraiment prêts, surtout au niveau pulmonaire. Ils mettent sous goutte à gouttes (Génypral je crois?), Bon, j'avertis mon petit mari, mais je lui dis de pas s'inquiéter, il vient me voir le soir, les contractions ne s'arrêtent pas, je les sens bien toutes les 8 minutes, mais ça ne me fait pas vraiment encore souffrir.

Le lendemain arrive, 2ème injection, et directe après je sens des contractions plus fortes, et il me semble plus rapprochées... Pose de monito, verdicts contractions toutes les 6 minutes, il faut me regarder le col. Alors je me déplace tant bien que mal dans les couloirs, pour aller en salle d'examens, entre les contractions, ce gros ventre, j'ai de la peine à marcher et à souffler, les gens me regardent passer bizarrement... L'examen se fait, mesure et touché du col, échographie, puis l'assistante et la sage femme se regardent, ne disent rien, puis sortent pour discuter... Je vois sur leur visage que « ça sent pas bon tout ça! » Elles reviennent 2-3 minutes plus tard, avec 1 autre médecin, et quelques autres sages femme, et surtout une chaise roulante. Ils me disent de faire le moins d'effort possible, qu'ils vont m'aider à me mettre dans cette chaise, que je dois respirer, me détendre que ça ira et bla bla bla... Mais le soucis qu'ils ont, c'est que mon col est presque ouvert, qu'il est mou, et que le travail commence...
Dans ma tête je me dis, mais non, je peux pas accoucher maintenant, je dois accoucher dans 2 mois!!
Ils m'amènent dans ma chambre en chaise roulante, puis ils me demandent si je suis inscrite à la Rega, je dis que non, alors ils me disent qu'ils vont appelés au plus vite une ambulance, ou la Rega, que je dois être transférée au plus vite dans un hôpital prêt pour accueillir ces grands prématurés...
Ils commencent à regrouper mes affaires, ça s'excite de tous les côtés, ils me disant d'appeler au plus vite mon mari pour qu'il vienne, mais que s'il est entrain de conduire, je ne dois pas lui parler de ça, je dois juste lui demander de venir dès que possible... C'est donc la gorge nouée que je dis à mon mari de venir me voir à l'hopital. Mon mari arrivera plus tard, lorsque je suis sur le point de départ... Le problème c'est que le CHUV est complet, Bern complet, seul possibilité Lucerne ou Genève. Alors départ pour Genève, plus d'une heure de route...
Avec tous ce stress et ces histoires, les contractions sont aux 6 minutes, très fortes, et je me sens vraiment mal... J'ai envie de pleurer, de vomir, de me réveiller de ce truc de fou, mais non, c'est bien réel...
Arrivée à HUG, direct menée en salle d'accouchement, et là mon col est ouvert à 0.5 cm mais reste stable malgré les contractions. Ils sont étonnés de voir que mon goutte à goutte est ce produit (Génypral?) car pour les femmes enceintes de jumeaux c'est à proscrire... Ils me mettent un autre goutte à goutte illico... Ils me demandent à combien était mon col au dernier contrôle avant les injections et je réponds « Je sais pas car j'ai pas eu de contrôle », et ils sont tous étonnés de voir que mon gyéco n'a pas pris la peine de me faire un contrôle avant les injections, ou quelques jours avant... Avec tout ça maintenant il est minuit, mon mari a pu trouver une solution pour dormir chez des amis habitants sur Genève, comme il est tard et que les contractions se sont stabilisées aux 8 minutes sans faire progresser mon col, je lui dit que c'est tout bon qu'il peut aller se reposer, et que si il y a du changement, je lui fait savoir de suite...
Je reste la nuit dans la salle d'accouchement, je peux pas dormir avec ces contractions, et cet endroit me fait tellement bizarre, je repense à tout ce qui s'est passé aujourd'hui...
Au petit matin on m'emmène avec le lit dans une petite chambre au service pré-natal, ils s'excusent d'avance de cette petite pièce pour le nombre de patiente, mais tout est en travaux, et ils n'ont pas le choix. En effet, j'arrive dans une mini pièce, ou 2 jeunes filles enceintes sont aussi alitées et espère garder leurs bibous aussi au chaud le plus longtemps possible...
Et c'est dans cette pièce, que je suis restée plus de 15 jours, au rythme des contractions toutes les 8 minutes, jours et nuits, cela ne s'arrêtent jamais... Toutes les 2 nuits et parfois le jour je suis à nouveau emmenée en salle d'accouchement, et ils me font des contrôles, car à chaque fois ils pensent que mon col s'est encore ouvert, et que c'est le moment, mais non mon col tient bon, il reste ouvert à seulement 0.5 cm. Parfois certain jour j'ai le droit d'aller aux toilettes et de revenir de suite, parfois je n'ai pas l'autorisation de me lever... Souvent j'ai la toilette faite dans le lit, c'est le plus dur pour moi... Je me sens vraiment peu de chose...
J'ai un arbre avec le goutte à goutte à prendre partout avec moi, et comme j'ai aussi une perfusion sur l'autre main pour au cas ou, je dois mettre des cornets plastique sur mes mains pour aller me doucher et me laver les cheveux. Mon mari viendra tous les jours, il m'a douché, lavé les cheveux, mis dans la crème sur le corps, il était adorable... Tous les jours je pensais accouché, et chaque jour j'avais moins de force, et j'étais tellement usée par toutes ces contractions jours et nuit, j'avais mal absolument partout... Souvent le soir à bout de nerfs je pleure, je ne voyais pas ainsi mon accouchement... J'en peux plus... Puis un jour j'ai eu une grosse douleur sous les seins, comme des points, ça me coupait le souffle... Monito, test et compagnie, je fais une pré-éclampsie. Ma tension monte à 170/110, je sens que je suis mal dans mon corps. Ils font le nécessaire pour stabiliser ça, car ils me disent que c'est dangereux pour le bébé, et pour moi aussi. Durant les derniers jours, j'aurai le droit aux contractions toutes les 8 minutes, au goutte à goutte avec l'arbre à prendre partout, et à l'appareil pour mesurer la tension qui se gonfle sur mon bras toutes les 10 minutes jour et nuit... ça fait beaucoup, j'en peux plus, je veux que mes bébés sortent, voilà plus de 15 jours que je survis, je peux plus tenir...

Puis un soir, mon mari était là sur mon lit, je venais de souper, je lui dis « Je dois vomir de toute urgences, donne moi vite un cornet plastique! » Puis je lui dis que je dois aller aux toilettes de toute urgences, que ça pousse de tous les côtés... Et les contractions redeviennent plus proches, à nouveau toutes les 6 minutes maximum... Puis 4 minutes... J'appuie sur le bouton pour appeler une sage femme, ils me ramènent avec le lit en salle d'accouchement, mes 2 voisines de chambre me regarde pour la Xème fois partir, et me disent bonne chance si cette fois si c'est la bonne...

Arrivé en salle d'accouchement, re-contrôle, re-monitoring, et en effet, tout s'est accéléré... Je dis à la sage femme que je dois absolument aller aux toilettes, que ça pousse en bas que je peux plus retenir!! Elle me dit qu'elle me fait une mesure du col par un touché pour voir si je peux y aller ou si elle peut encore me mettre sur le vase, elle me dit que non, je dois pas bouger, je suis dilatée à plus de 4 cm, et que comme le premier bébé est en transverse et que le 2ème bébé en siège, ils doivent me faire une césarienne d'urgence. Et là, on ma rase, me refait des perfusions, on m'explique le principe de la péridurale, me pose la sonde urinaire, me mets une charlote et une blouse, en moins de 10 minutes j'étais « prête ». Mon mari est là, comme toujours, je suis soulagée de le voir, la péridurale a été posée, sans soucis. Le Docteur m'ouvre pour sortir les bébés, mais tout d'un coup je dois vomir, ça remonte mais comme la partie inférieur de mon corps est endormie, j'arrive pas à expulser ce que j'ai dans ma gorge, ça me brûle, ça m'empêche de respirer, ils me sanglent les bras, je bouge dans tous les sens car j'ai l'impression que je vais partir dans les pommes à force de manquer d'air, puis ils m'ont remis un autre produit dans la perfusion et tout ce calme... Quand 2 secondes plus tard, ils me disent que bébé 1 est sorti, ma 1ère princesse, ils nous la montre 2 secondes par dessus le draps et partent avec elle dans les couloirs car elle ne respire pas. Puis je sens que mon corps bouge dans tous les sens, j'ai à nouveau ces nausées, je sens qu'on me tire et qu'on me pousse pas le bas, ma tête bouge toute seule, je me demande ce qu'ils me font... Le 2ème bébé était très haut et ils avaient de la peine à le sortir, mais plusieurs minutes après, voilà enfin bébé 1 qui est dehors, ma 2ème perle, par contre ils nous la montre pas, ils partent avec elle direct... Dommage, j'aurai voulu la voir, même 2 secondes...
Puis tout ce calme, on me recoud, mon mari est parti vers les bébés, je me sens comme vidée...

Quelques instants après on sort mon lit de la pièce, je suis sur le lit dans le couloir, et ils m'arrêtent devant la petite salle ou les petites ont les premiers soins et ou sont les couveuses, mon mari est là, mais il ne me sourit pas vraiment... Je me demande pourquoi... Un Docteur vient et me dit, avant qu'on vous emmène en chambre, je dois vous montrer quelque chose, une de vos filles, la 2ème, à un grain de beauté. Et au fond de moi je me dis, mais je m'en fou! Un grain de beauté, et alors??? Montre moi mes bébés et c'est tout! Et il a posé ma petite merveille à plat ventre sur son bras et c'est alors que j'ai vu son « naevus géant », une tache noire/brune très foncée qui recouvrait absolument tout son dos, et une grande partie de son ventre... Je me suis dit, mais pourquoi encore ça... Oh mon bébé chéri... Pourquoi... (Par la suite nous avons du, et nous faisons encore plein de contrôles pour cette tache, et nous devons faire plusieurs opérations, nous allons plusieurs fois par semaine au CHUV, et ce n'est malheureusement pas fini...)

On m'emmène en salle de réveil, et j'y resterai 48 heures à dormir et à refuser toute nourriture... Je voulais pas qu'on allume, je voulais juste dormir... Je voulais que mon mari, et mes bébés, mais on ne pouvait pas m'amener les bébés car les couveuses sur roulette ne passait pas ces portes, et mon lit ils ne pouvait pas le monter ou sont les couveuses, et je pouvais pas encore marcher avec cette césarienne...

Puis, tout s'est éclairci en quelques jours, en dormant j'ai repris des forces, puis j'ai mangé, j'ai pu me lever pour voir mes filles, tirer mon lait pour donner à mes petites chéries, et la vie repartait, j'étais Maman, et je le réalisais enfin! C'était magique!
Lorsque je vis mes nanas pour la première fois, j'ai trouvé que c'était la plus belle chose au monde, que la nature les avait tellement bien réussie, qu'elles étaient parfaites. J'aimais tant leur odeur, leurs petits corps nus juste avec leurs pampers contre ma peau, sentir leur souffle dans mon cou, j'étais aux anges!

Ce fût une sacré aventure, qui m'a prouvé que j'avais un mari formidable, que j'ai eu beaucoup de chance d'accoucher en Suisse dans un hôpital qui peut gérer aussi bien de si petits bébés, et que mes filles ont su se battre dès le départ, elles sont exceptionnelles... Après 1 mois d'hôpital, elles sont rentrées à la maison, pour que notre famille soit enfin réunie... Ce fut ce jour-là, le plus beau jour de ma vie...

Merci de m'avoir lue...