Mon accouchement par césarienne (très très très long!)
Publié : mer. déc. 13, 2006 10:07 am
De l'écrire m'a un peu servi de psychothérapie gratuite alors il est très long! désolée! mais si vous avez du temps, je vous le partage quand meme! Maintenant qu'il est écrit de toute facon...Comme ca moi je peux l'oublier et ma fille aura quand meme toujours les détails! Si vous avez le courage de le lire jusqu'au bout, dites moi ce que vous en pensez!
A ma petite puce…
Il était 4 heures du matin et je ne dormais toujours pas ! Je me tournais et me retournais dans mon lit, attendant avec impatience le moment où je te tiendrais dans les bras. Je te demandais encore une dernière fois de te retourner pour nous permettre de vivre ce merveilleux moment de l’accouchement ensemble mais sans doute ne pouvais-tu pas…Durant cette nuit qui a été la plus interminable de ma vie, les pensées les plus macabres venaient me hanter ! J’imaginais mourir en cours d’intervention ou pire encore, que toi tu meurs! Je me voyais déjà, la rachianesthésie inefficace, endormie complètement et absente de tes premières minutes de vie ! Tandis que les pires cauchemars éveillés m’inondaient les yeux de larme, ton père, confiant et fatigué, dormait à poings fermés à mes côtés! A ce moment, j’ai été heureuse d’avoir insisté auprès du médecin pour pouvoir passer cette dernière nuit à la maison. Ton père était la seule chose rassurante ! Lui il serait là, lui il irait bien, lui prendrait soins de toi quoiqu’il arrive ! Je ne comprenais pas qu’il puisse dormir…Comment faisait-il ? Avait-il occulté le fait qu’on allait m’ouvrir le ventre au scalpel ? Ignorait-il qu’il découvrirait son spermatozoïde transformé en un magnifique bébé pour la première fois de sa vie ? Il allait vivre la plus excitante des journées et il dormait ! Il avait bien raison et j’aurais tant aimé pouvoir faire de même, mais ce mélange d’excitation et d’anxiété avait sur moi l’effet inverse.
Enfin, il était 5heure ! Le temps pour nous de prendre une douche, s’habiller une dernière fois avec ces pantalons de clown deux fois trop grand il y a neuf mois et juste à notre taille aujourd’hui, et nous partions ! Ton père conduisait encore épuisé, et moi, surexcitée, j’essayais de contenir mes émotions et de ne pas lui transmettre mes inquiétudes.
Il était 5h45 lorsque nous sommes arrivés à l’hôpital. Comme prévu par le règlement, j’étais à jeun depuis la veille au soir, où je n’avais pas pu avaler grand-chose, mon corps entier étant trop tendu ! Je me sentais faible, mal préparée, incapable de survivre à cette journée. Je ne pensais plus qu’à toi, je me demandais comment tu étais, à quoi tu ressemblais…je n’arrivais pas à me préparer psychologiquement. Je ne souffrais pas, c’était un jour comme les autre, aucun signe ne nous préparait à être séparées ! Je n’avais rien à faire dans un hôpital, je n’étais pas malade.
Les sages-femmes, à tour de rôle, venaient me préparer. Elles m’avaient installée dans une toute petite chambre et m’avaient fait revêtir une chemise de nuit des plus sexy, avec ouverture sur les fesses ! Elles m’ont mis un veineflon, rasée, elles ont écouté ton cœur et mesuré l’intensité de mes contractions inexistantes…Des gestes anodins, ceux qu’elles exerçaient à longueur de journée. J’étais une femme comme les autres, qui allait subir une césarienne. La patiente de la 330 ! Voilà à quoi le plus grand jour de ma vie était résumé. Nous n’étions rien de particulier, juste une routine, une habitude, ce qui leur permettait d’avoir un salaire à la fin du mois ! Je ne les critique pas, elles faisaient leur job et le faisaient bien…c’est seulement une vérité, elles ne m’avaient jamais vue avant et elles ne me reverraient peut-être jamais après. Elles étaient payées pour me raser, elles le faisaient ! Et moi, les jambes à demi écartées et le bas du corps dévêtu, je regardais le plafond, priant pour que ce moment ne s’éternise pas ! Je n’en pouvais plus d’attendre !
Il était 7.00 quand le gynécologue et son acolyte sont entrés. Voilà donc l’énergumène, ai-je pensé ! Il se tenait là, debout devant de mon lit ! Un homme d’un certain age avec une barbe blanchie par les années et quelque chose de confiant, de respectueux, se dégageait de lui. La tête dans son dossier, il me demandait si j’avais des questions ! Des questions ? Cet homme, je ne l’avais jamais vu et il allait m’accoucher ! Il allait avoir nos vies entre les mains ! Bien sûr que j’aurais eu des questions mais me voyez-vous sincèrement lui demander s’ il était bien réveillé ou s’ il n’avait pas eu un évènement à fêter la veille au soir ? Me voyant hésitante, il me décrivit l’opération ! Cela prendra 10 minutes pour m’ouvrir et environ le triple pour me refermer ! Mon mari sera là et ils ne commenceront pas sans lui. Son assistant reviendra dans quelques minutes me faire une échographie pour voir si le bébé ne s’est pas, par miracle, retourné ! Voilà, je le remercie et ils sortent. Je dis à ton père que l’assistant est plutôt mignon. On se sourit…Quelques minutes signifiait en fait 40minutes !!! Donc vers 7h40, nous nous sommes tous les 4 rendus dans une petite salle, de l’autre côté du couloir. L’échographie montrait, comme je le leur avais dis, que tu ne t’étais pas retournée mais qui étais-je pour le savoir ? C’est un univers où les hommes aiment à se sentir tout puissant sur un évènement dont ils ne seront jamais que de simples serviteurs. Jamais ils ne porteront d’enfant, jamais il ne comprendront ce que l’on ressent…Pour garder bonne figure, cet homme sympathique m’expliqua que l’écho sert également à savoir avec exactitude comment est placé le bébé, de manière à pouvoir l’en « extraire » rapidement. Examen effectué, ce fut le retour à la chambre.
On vint nous chercher à 8h05. La sage-femme et ton père poussèrent mon lit jusqu'à l’ascenseur…Comme si j’étais incapable de marcher, juste un corps habité d’un bébé à sortir. On attendait l’ascenseur et je regardais la porte qui menait aux salles d’accouchement. C’est pour celles-ci que j’avais choisi cet hôpital. L’aspect humain et confortable de ces pièces m’avait plu. Les grandes fenêtres, les rideaux…On aurait pu se croire à la maison, jacuzzi en plus ! Mais voilà, nous n’y entreront jamais ensemble. Nous, nous montions dans l’ascenseur pour descendre dans le froid des sous-sols de béton. Il n’y avait plus rien de charmant ou familier, tout n’était plus qu’aspect pratique. De grandes portes s’ouvrirent, on fit glisser mon lit dans une autre salle puis la sage-femme et le seul visage familier et rassurant présent s’en allèrent. Ils devaient s’habiller parait-il. Moi, on m’avait déjà mis les chaussons et bonnet vert. On me fit enlever ma chemise de nuit puis on me fit passer de mon lit confortable sur une simple table dure et froide ! On me recouvrit d’un drap chaud et on emmena ma table. Voilà, cette fameuse salle d’opération que j’avais essayé d’imaginer toute la nuit, j’y étais. C’était rudimentaire. Sans déco, sans couleur. Une grosse lampe au plafond et des instruments. Je me mis sur le côté et on essaya de me faire ramener mes genoux jusqu'à ma tête mais tu bloquais le passage. Je sentis froid dans le dos, ils me désinfectaient. Je sentis piquer, ils m’anesthésiaient. Je tremblais de tous mes membres, j’avais chaud, j’avais froid, j’avais peur, j’avais faim, j’étais terrorisée ! Ce qui devait être le plus beau jour de ma vie ressemblait à un film d’Hitchcock. Je me recouchais sur le dos, on me fit étendre les bras. Autour du droit, on fixa l’appareil de mesure de pression qui serrait une fois toute les minutes à m’en couper la circulation et à gauche, au bout d’un doigt, l’appareil de mesure…de je ne sais plus quoi. On me remplissait de liquide par le veineflon. J’entendais mille voix « Quand celui-ci sera vide, faudra mettre celui-là » « plus à gauche » « Ca va le débit ? » puis une étrange sensation m’envahit. C’était désagréable, j’avais l’impression d’être violée. Je fis des efforts surhumains pour soulever ma tête et un vieil homme qui se trouvait là me demanda ce qui se passait. Ca fait bizarre lui répondis-je. Oui, ils vous mettent la sonde urinaire, ça va passer !...
C’était donc ça un accouchement ? C’était donc comme ça que débutait une vie ? Je ne pouvais plus arrêter de trembler. Le bas de mon corps était envahi de fourmillements…Je devais me détendre d’après le vieil homme aux yeux compatissants. Me détendre ? Si vraiment nous étions en sécurité, pourquoi tous ces appareils ? Pourquoi, tels des vautours, une dizaine d’étrangers avaient envahis la pièce ? Pourquoi mon mari était-il toujours absent et pourquoi m’avait-on caché la vue de mon ventre avec un drap ? Tous mes sens étaient en alerte et je n’en pouvais plus !
Il y avait tellement de monde ! Tous vêtus de façon identique et avec un masque leur cachant le visage. Je ne reconnaissais personne. Ton père est alors arrivé, tout excité, m’expliquant qu’ils avaient du l’oublier parce qu’il avait bien poireauté. Il me rassura un peu mais je tremblais toujours. J’entendis une voix : « puisque tout le monde est là, on va commencer ! » l’homme aux gentils yeux se pencha vers moi et me dit : « Détendez-vous, tout ce que vous avez à faire, c’est respirer calmement et profondément pour oxygéner votre bébé au mieux ! » Rien que ça ? Ça aurait pu se faire si droit derrière, des voix tenant ces propos ne s’étaient faites entendre : «Madame, est-ce que vous sentez ceci ? » et l’anesthésiste, apparemment de mauvais poil et susceptible, n’acceptant pas que l’on puisse remettre en cause l’efficacité de son travail : « Mais bien sûr qu’elle ne sent plus rien allez-y maintenant » ….Obéissant, ils continuèrent. Quelle ambiance ! La vie de rat de laboratoire vous tente t’elle ? Essayez donc la césarienne…Le vieil homme me demandait régulièrement si ça allait…et la réponse était toujours la même ! NON ! Alors il contrôlait ses machines, puis me donnait un peu d’oxygène pour me calmer. Je sentais des mains dans mon ventre…On m’appuyait dessus, on tirait, on poussait…ça faisait parfois bouger tout mon corps. Un peu d’oxygène me calmait peut-être, mais ça ne me détendait pas ! Je n’avais qu’une chose à faire c’était respirer et je n’y arrivais pas ! Quelle mère indigne je faisais ! C’est alors que les commérages sur le repas de midi, les sorties du week end et tout le brouhaha des personnes qui se trouvaient autour cessa pour que ne règne qu’un étrange silence qui me fit comprendre que tu étais là !
Il était 8h33. Tu étais là et je ne te voyais pas ! Une dizaine d’inconnus te regardaient et moi….j’étais couchée, impuissante, triste et paniquée ! Allais-tu bien ? Pleurais-tu ? J’entendis un gémissement puis on demanda à ton père de se lever afin de vérifier lui-même le sexe ! Je lui dis « Alors ? » et il me répondit : « ça commence par S » …quoi par S ? Fille ou femelle =F garçon ou male = G ou M Quoi S ?????Quel monstre avaient-ils sorti de mon ventre ? Sexe, je sais que ça commence par S mais fille ou garçon ? La panique m’envahissait et ton père me répétait, ça commence par S !!! Il avait la larme à l’œil, tout ému, et moi, tout ce qui avait été mon unique soutien jusque là me laissait tomber ! Ca me sembla une éternité, le temps qu’il laissa couler avant de dire « C’est une petite fille, c’est une petite Savana ! » Je ne crois pas qu’il ait eu une idée de la frayeur qu’il m’a faite ! Ce n’était pas volontaire !
Ils t’ont enveloppée dans un drap puis donnée à ton père qui t’a posée sur moi…Ce moment-là, j’en aurais pleuré de joie…mais je ne pouvais pas ! Je devais respirer, tâcher de gérer le peu qu’il me restait de contrôlable ! Je devais rester en vie maintenant, je devais te connaître mieux ! Ce qui hier m’importait peu était devenu mon objectif principal ! Vivre pour te connaître ! Tes grands yeux bleus me regardaient, interrogatifs. Tu étais d’un calme olympien. Comme si c’était l’évidence que tu te trouves là. Tu étais toute recouverte d’un liquide blanc et visqueux mélangé à du sang. On me dit « On va lui donner un petit coup là derrière et on revient vous la donner un petit moment ! » J’ai juste eu 2 ou 3 minutes pour réaliser et déjà vous étiez de retour ! On me permit de plier le bras gauche pour te prendre et afin de nous laisser un peu d’ « intimité » on éteignit la grosse lumière éblouissante ! Je me sentais si faible que je te trouvais en danger dans mes bras mais je savais que ton père veillait.
Il me répétait sans cesse : « elle est trop belle » ! C’est vrai qu’on te trouvait magnifique, le visage rond et les petits yeux malicieux. On s’est observé toi et moi, pendant les quelques minutes où tu es restée sur ma poitrine. J’avais tant de peine à imaginer que tu sois sortie de moi…J’étais maman et tu étais ma fille, pour toute la vie…Les gentils yeux me demandèrent encore une fois si ça allait…ce fut la seule réponse positive de l’opération… Bien sûr que ça allait, je découvrais notre œuvre en parfaite santé ! Et j’en étais fière !
La sage- femme est revenue et vous a emmenés ton père et toi. C’était l’heure du bain et des soins. Pendant qu’on t’observait sous toutes les coutures, te pesant, te mesurant, moi je continuais à trembler, seule, vide, sur ma table peu confortable, priant pour que rien ne m’arrive ! L’homme me demanda une nouvelle fois comment ça allait. Mal, comme avant en pire ! Il regarda ses machines et me dit « mais tout va bien, votre taux d’oxygène est parfait et votre rythme cardiaque aussi. Tout à l’heure ça allait bien, quand vous aviez votre bébé alors…allez allez, c’est bientôt fini ! » Il ne comprenait pas que ce que je ressentais, aucune machine ne pourrait le décrypter ! J’avais l’impression qu’on m’avait volé la venue au monde de ma fille, que j’avais été l’instrument qui avait permis à un homme d’accoucher… Et j’étais encore plus seule, plus affamée, plus fatiguée, et plus tremblante qu’avant. Je ne sentais presque plus mes bras et j’avais l’impression d’étouffer ! J’attendais la fin avec impatience quand une paire d’yeux passa par-dessus le drap pour me dire « Elle était bien emberlificotée dans son cordon ! » Aujourd’hui encore cette phrase m’interroge. J’aurais aimé reconnaître ces yeux après l’opération et lui demander ce que cela voulait dire ? Est-ce que si on avait tenté une version tu aurais eu des complications ? A quoi c’était dû, si ça se reproduirait peut-être avec une éventuelle prochaine grossesse, si c’était dangereux…Mais comment voulez vous reconnaître des yeux qui ne se présentent pas ?
Une fois l’opération terminée, on me « débrancha » et on me « transbahuta » de la table sur mon ancien lit si douillet. On m’aida à me rhabiller et on m’emmena en salle de réveil. De jolies montgolfières étaient suspendues au plafond et ça faisait du bien ! C’était chaleureux et digne d’une sortie des enfers.
Il était 9h. Une fois « rebranchée » pour contrôler mon pouls, cette fois toutes les 5minutes, on me laissa seule. Je me touchais le ventre…J’avais l’impression de toucher un cadavre tant la peau était lâche. Je me sentais à moitié morte ! Les tremblements qui s’étaient calmés reprenaient de plus belle. On me dit que c’était le réveil de mon corps, ça entraînait tremblements et fourmillements. Je regardais passer l’heure et priais pour que vous ne reveniez pas trop tôt, je voulais être en forme pour te prendre et m’occuper de toi. Vingt minutes plus tard, je sentis quelque chose sur mon gros orteil. La pince qui se trouvait sur mon doigt gauche pendant l’opération avait été transférée. On me dit que c’était bien, si je sentais ça, j’étais presque prête à retourner en chambre.
IL était 9h35 lorsque vous êtes entrés dans la salle. Tu pleurais et l’on me dit que tu avais faim. On m’aida à te mettre au sein. Ensuite tout s’est enchaîné. Les nuits blanches, les seins crevassés, les interrogations…Toutes les questions que je n’osais pas poser parce que j’avais été une femme modèle, me renseignant dans les livres et les revues toute ma grossesse….Donc évidement, j’étais bien imprégnée du mythe qui dit que seule une mère sait ce dont son enfant a besoin ! Seulement, ce qui s’avère être vrai après 6 mois de cohabitation ne l’est pas à la naissance ! Mais je n’avais déjà pas su te mettre au monde alors je devais tout savoir pour la suite ! Enfin, on a survécu…Cela ne se ressent peut-être pas dans ce récit mais le personnel de l’hôpital (mis à part l’anesthésiste) a été super ! Ils ont fait leur travail admirablement. Si je l’ai si mal vécu, c’est simplement parce que j’aurais aimé participer à cet évènement primordial plus activement et que j’ai été dans l’impossibilité de le faire !
J’ai passé des heures à me demander si j’avais pris la bonne décision, si je n’aurais pas du tenter une version, si je n’aurais pas du attendre le début du travail pour faire cette césarienne ou trouver un médecin qui me laisse accoucher par voie basse avec un bébé en siège…J’ai passé cette première grossesse à suivre à la lettre ce qu’une doctoresse avec laquelle je n’avais aucun feeling me disait de faire. Durant les mois qui ont suivi ta naissance, j’ai changé de gynécologue, et me suis promis que plus jamais je n’aurais de césarienne, sauf en cas d’urgence extrême, même si pour cela, je dois accoucher seule chez moi. Peu de monde comprend ce raisonnement alors peut-être qu’à la suite de cette lecture, sans pour autant l’approuver, ils comprendront !
Aujourd’hui, si j’ai écrit ce petit résumé d’un grand jour qui a changé ma vie à jamais, c’est parce que je l’ai enfin accepté. Ce fut un travail long et difficile et je sais que s’il m’est a nouveau donné d’être enceinte, un labeur plus dur encore m’attend pour pouvoir tenter de réaliser un accouchement épanouissant. J’ai perdu la confiance que j’avais en moi, je me suis sentie rejetée de cet accouchement, non concernée et peu importante…comme si ce que d’autres femmes font depuis la nuit des temps, je n’en étais pas capable.
Je tiens à préciser, qu’à aucun moment je t’en ai voulu ou t’en ai rendu responsable ! J’imagine que toi aussi tu as souffert de cette naissance trop rapide et brutale. Si je regretterais toujours cette fin de grossesse frustrante, jamais je ne regretterais d’avoir eu une si parfaite petite fille.
Avec toute mon affection.
Ta maman qui t’aime.
A ma petite puce…
Il était 4 heures du matin et je ne dormais toujours pas ! Je me tournais et me retournais dans mon lit, attendant avec impatience le moment où je te tiendrais dans les bras. Je te demandais encore une dernière fois de te retourner pour nous permettre de vivre ce merveilleux moment de l’accouchement ensemble mais sans doute ne pouvais-tu pas…Durant cette nuit qui a été la plus interminable de ma vie, les pensées les plus macabres venaient me hanter ! J’imaginais mourir en cours d’intervention ou pire encore, que toi tu meurs! Je me voyais déjà, la rachianesthésie inefficace, endormie complètement et absente de tes premières minutes de vie ! Tandis que les pires cauchemars éveillés m’inondaient les yeux de larme, ton père, confiant et fatigué, dormait à poings fermés à mes côtés! A ce moment, j’ai été heureuse d’avoir insisté auprès du médecin pour pouvoir passer cette dernière nuit à la maison. Ton père était la seule chose rassurante ! Lui il serait là, lui il irait bien, lui prendrait soins de toi quoiqu’il arrive ! Je ne comprenais pas qu’il puisse dormir…Comment faisait-il ? Avait-il occulté le fait qu’on allait m’ouvrir le ventre au scalpel ? Ignorait-il qu’il découvrirait son spermatozoïde transformé en un magnifique bébé pour la première fois de sa vie ? Il allait vivre la plus excitante des journées et il dormait ! Il avait bien raison et j’aurais tant aimé pouvoir faire de même, mais ce mélange d’excitation et d’anxiété avait sur moi l’effet inverse.
Enfin, il était 5heure ! Le temps pour nous de prendre une douche, s’habiller une dernière fois avec ces pantalons de clown deux fois trop grand il y a neuf mois et juste à notre taille aujourd’hui, et nous partions ! Ton père conduisait encore épuisé, et moi, surexcitée, j’essayais de contenir mes émotions et de ne pas lui transmettre mes inquiétudes.
Il était 5h45 lorsque nous sommes arrivés à l’hôpital. Comme prévu par le règlement, j’étais à jeun depuis la veille au soir, où je n’avais pas pu avaler grand-chose, mon corps entier étant trop tendu ! Je me sentais faible, mal préparée, incapable de survivre à cette journée. Je ne pensais plus qu’à toi, je me demandais comment tu étais, à quoi tu ressemblais…je n’arrivais pas à me préparer psychologiquement. Je ne souffrais pas, c’était un jour comme les autre, aucun signe ne nous préparait à être séparées ! Je n’avais rien à faire dans un hôpital, je n’étais pas malade.
Les sages-femmes, à tour de rôle, venaient me préparer. Elles m’avaient installée dans une toute petite chambre et m’avaient fait revêtir une chemise de nuit des plus sexy, avec ouverture sur les fesses ! Elles m’ont mis un veineflon, rasée, elles ont écouté ton cœur et mesuré l’intensité de mes contractions inexistantes…Des gestes anodins, ceux qu’elles exerçaient à longueur de journée. J’étais une femme comme les autres, qui allait subir une césarienne. La patiente de la 330 ! Voilà à quoi le plus grand jour de ma vie était résumé. Nous n’étions rien de particulier, juste une routine, une habitude, ce qui leur permettait d’avoir un salaire à la fin du mois ! Je ne les critique pas, elles faisaient leur job et le faisaient bien…c’est seulement une vérité, elles ne m’avaient jamais vue avant et elles ne me reverraient peut-être jamais après. Elles étaient payées pour me raser, elles le faisaient ! Et moi, les jambes à demi écartées et le bas du corps dévêtu, je regardais le plafond, priant pour que ce moment ne s’éternise pas ! Je n’en pouvais plus d’attendre !
Il était 7.00 quand le gynécologue et son acolyte sont entrés. Voilà donc l’énergumène, ai-je pensé ! Il se tenait là, debout devant de mon lit ! Un homme d’un certain age avec une barbe blanchie par les années et quelque chose de confiant, de respectueux, se dégageait de lui. La tête dans son dossier, il me demandait si j’avais des questions ! Des questions ? Cet homme, je ne l’avais jamais vu et il allait m’accoucher ! Il allait avoir nos vies entre les mains ! Bien sûr que j’aurais eu des questions mais me voyez-vous sincèrement lui demander s’ il était bien réveillé ou s’ il n’avait pas eu un évènement à fêter la veille au soir ? Me voyant hésitante, il me décrivit l’opération ! Cela prendra 10 minutes pour m’ouvrir et environ le triple pour me refermer ! Mon mari sera là et ils ne commenceront pas sans lui. Son assistant reviendra dans quelques minutes me faire une échographie pour voir si le bébé ne s’est pas, par miracle, retourné ! Voilà, je le remercie et ils sortent. Je dis à ton père que l’assistant est plutôt mignon. On se sourit…Quelques minutes signifiait en fait 40minutes !!! Donc vers 7h40, nous nous sommes tous les 4 rendus dans une petite salle, de l’autre côté du couloir. L’échographie montrait, comme je le leur avais dis, que tu ne t’étais pas retournée mais qui étais-je pour le savoir ? C’est un univers où les hommes aiment à se sentir tout puissant sur un évènement dont ils ne seront jamais que de simples serviteurs. Jamais ils ne porteront d’enfant, jamais il ne comprendront ce que l’on ressent…Pour garder bonne figure, cet homme sympathique m’expliqua que l’écho sert également à savoir avec exactitude comment est placé le bébé, de manière à pouvoir l’en « extraire » rapidement. Examen effectué, ce fut le retour à la chambre.
On vint nous chercher à 8h05. La sage-femme et ton père poussèrent mon lit jusqu'à l’ascenseur…Comme si j’étais incapable de marcher, juste un corps habité d’un bébé à sortir. On attendait l’ascenseur et je regardais la porte qui menait aux salles d’accouchement. C’est pour celles-ci que j’avais choisi cet hôpital. L’aspect humain et confortable de ces pièces m’avait plu. Les grandes fenêtres, les rideaux…On aurait pu se croire à la maison, jacuzzi en plus ! Mais voilà, nous n’y entreront jamais ensemble. Nous, nous montions dans l’ascenseur pour descendre dans le froid des sous-sols de béton. Il n’y avait plus rien de charmant ou familier, tout n’était plus qu’aspect pratique. De grandes portes s’ouvrirent, on fit glisser mon lit dans une autre salle puis la sage-femme et le seul visage familier et rassurant présent s’en allèrent. Ils devaient s’habiller parait-il. Moi, on m’avait déjà mis les chaussons et bonnet vert. On me fit enlever ma chemise de nuit puis on me fit passer de mon lit confortable sur une simple table dure et froide ! On me recouvrit d’un drap chaud et on emmena ma table. Voilà, cette fameuse salle d’opération que j’avais essayé d’imaginer toute la nuit, j’y étais. C’était rudimentaire. Sans déco, sans couleur. Une grosse lampe au plafond et des instruments. Je me mis sur le côté et on essaya de me faire ramener mes genoux jusqu'à ma tête mais tu bloquais le passage. Je sentis froid dans le dos, ils me désinfectaient. Je sentis piquer, ils m’anesthésiaient. Je tremblais de tous mes membres, j’avais chaud, j’avais froid, j’avais peur, j’avais faim, j’étais terrorisée ! Ce qui devait être le plus beau jour de ma vie ressemblait à un film d’Hitchcock. Je me recouchais sur le dos, on me fit étendre les bras. Autour du droit, on fixa l’appareil de mesure de pression qui serrait une fois toute les minutes à m’en couper la circulation et à gauche, au bout d’un doigt, l’appareil de mesure…de je ne sais plus quoi. On me remplissait de liquide par le veineflon. J’entendais mille voix « Quand celui-ci sera vide, faudra mettre celui-là » « plus à gauche » « Ca va le débit ? » puis une étrange sensation m’envahit. C’était désagréable, j’avais l’impression d’être violée. Je fis des efforts surhumains pour soulever ma tête et un vieil homme qui se trouvait là me demanda ce qui se passait. Ca fait bizarre lui répondis-je. Oui, ils vous mettent la sonde urinaire, ça va passer !...
C’était donc ça un accouchement ? C’était donc comme ça que débutait une vie ? Je ne pouvais plus arrêter de trembler. Le bas de mon corps était envahi de fourmillements…Je devais me détendre d’après le vieil homme aux yeux compatissants. Me détendre ? Si vraiment nous étions en sécurité, pourquoi tous ces appareils ? Pourquoi, tels des vautours, une dizaine d’étrangers avaient envahis la pièce ? Pourquoi mon mari était-il toujours absent et pourquoi m’avait-on caché la vue de mon ventre avec un drap ? Tous mes sens étaient en alerte et je n’en pouvais plus !
Il y avait tellement de monde ! Tous vêtus de façon identique et avec un masque leur cachant le visage. Je ne reconnaissais personne. Ton père est alors arrivé, tout excité, m’expliquant qu’ils avaient du l’oublier parce qu’il avait bien poireauté. Il me rassura un peu mais je tremblais toujours. J’entendis une voix : « puisque tout le monde est là, on va commencer ! » l’homme aux gentils yeux se pencha vers moi et me dit : « Détendez-vous, tout ce que vous avez à faire, c’est respirer calmement et profondément pour oxygéner votre bébé au mieux ! » Rien que ça ? Ça aurait pu se faire si droit derrière, des voix tenant ces propos ne s’étaient faites entendre : «Madame, est-ce que vous sentez ceci ? » et l’anesthésiste, apparemment de mauvais poil et susceptible, n’acceptant pas que l’on puisse remettre en cause l’efficacité de son travail : « Mais bien sûr qu’elle ne sent plus rien allez-y maintenant » ….Obéissant, ils continuèrent. Quelle ambiance ! La vie de rat de laboratoire vous tente t’elle ? Essayez donc la césarienne…Le vieil homme me demandait régulièrement si ça allait…et la réponse était toujours la même ! NON ! Alors il contrôlait ses machines, puis me donnait un peu d’oxygène pour me calmer. Je sentais des mains dans mon ventre…On m’appuyait dessus, on tirait, on poussait…ça faisait parfois bouger tout mon corps. Un peu d’oxygène me calmait peut-être, mais ça ne me détendait pas ! Je n’avais qu’une chose à faire c’était respirer et je n’y arrivais pas ! Quelle mère indigne je faisais ! C’est alors que les commérages sur le repas de midi, les sorties du week end et tout le brouhaha des personnes qui se trouvaient autour cessa pour que ne règne qu’un étrange silence qui me fit comprendre que tu étais là !
Il était 8h33. Tu étais là et je ne te voyais pas ! Une dizaine d’inconnus te regardaient et moi….j’étais couchée, impuissante, triste et paniquée ! Allais-tu bien ? Pleurais-tu ? J’entendis un gémissement puis on demanda à ton père de se lever afin de vérifier lui-même le sexe ! Je lui dis « Alors ? » et il me répondit : « ça commence par S » …quoi par S ? Fille ou femelle =F garçon ou male = G ou M Quoi S ?????Quel monstre avaient-ils sorti de mon ventre ? Sexe, je sais que ça commence par S mais fille ou garçon ? La panique m’envahissait et ton père me répétait, ça commence par S !!! Il avait la larme à l’œil, tout ému, et moi, tout ce qui avait été mon unique soutien jusque là me laissait tomber ! Ca me sembla une éternité, le temps qu’il laissa couler avant de dire « C’est une petite fille, c’est une petite Savana ! » Je ne crois pas qu’il ait eu une idée de la frayeur qu’il m’a faite ! Ce n’était pas volontaire !
Ils t’ont enveloppée dans un drap puis donnée à ton père qui t’a posée sur moi…Ce moment-là, j’en aurais pleuré de joie…mais je ne pouvais pas ! Je devais respirer, tâcher de gérer le peu qu’il me restait de contrôlable ! Je devais rester en vie maintenant, je devais te connaître mieux ! Ce qui hier m’importait peu était devenu mon objectif principal ! Vivre pour te connaître ! Tes grands yeux bleus me regardaient, interrogatifs. Tu étais d’un calme olympien. Comme si c’était l’évidence que tu te trouves là. Tu étais toute recouverte d’un liquide blanc et visqueux mélangé à du sang. On me dit « On va lui donner un petit coup là derrière et on revient vous la donner un petit moment ! » J’ai juste eu 2 ou 3 minutes pour réaliser et déjà vous étiez de retour ! On me permit de plier le bras gauche pour te prendre et afin de nous laisser un peu d’ « intimité » on éteignit la grosse lumière éblouissante ! Je me sentais si faible que je te trouvais en danger dans mes bras mais je savais que ton père veillait.
Il me répétait sans cesse : « elle est trop belle » ! C’est vrai qu’on te trouvait magnifique, le visage rond et les petits yeux malicieux. On s’est observé toi et moi, pendant les quelques minutes où tu es restée sur ma poitrine. J’avais tant de peine à imaginer que tu sois sortie de moi…J’étais maman et tu étais ma fille, pour toute la vie…Les gentils yeux me demandèrent encore une fois si ça allait…ce fut la seule réponse positive de l’opération… Bien sûr que ça allait, je découvrais notre œuvre en parfaite santé ! Et j’en étais fière !
La sage- femme est revenue et vous a emmenés ton père et toi. C’était l’heure du bain et des soins. Pendant qu’on t’observait sous toutes les coutures, te pesant, te mesurant, moi je continuais à trembler, seule, vide, sur ma table peu confortable, priant pour que rien ne m’arrive ! L’homme me demanda une nouvelle fois comment ça allait. Mal, comme avant en pire ! Il regarda ses machines et me dit « mais tout va bien, votre taux d’oxygène est parfait et votre rythme cardiaque aussi. Tout à l’heure ça allait bien, quand vous aviez votre bébé alors…allez allez, c’est bientôt fini ! » Il ne comprenait pas que ce que je ressentais, aucune machine ne pourrait le décrypter ! J’avais l’impression qu’on m’avait volé la venue au monde de ma fille, que j’avais été l’instrument qui avait permis à un homme d’accoucher… Et j’étais encore plus seule, plus affamée, plus fatiguée, et plus tremblante qu’avant. Je ne sentais presque plus mes bras et j’avais l’impression d’étouffer ! J’attendais la fin avec impatience quand une paire d’yeux passa par-dessus le drap pour me dire « Elle était bien emberlificotée dans son cordon ! » Aujourd’hui encore cette phrase m’interroge. J’aurais aimé reconnaître ces yeux après l’opération et lui demander ce que cela voulait dire ? Est-ce que si on avait tenté une version tu aurais eu des complications ? A quoi c’était dû, si ça se reproduirait peut-être avec une éventuelle prochaine grossesse, si c’était dangereux…Mais comment voulez vous reconnaître des yeux qui ne se présentent pas ?
Une fois l’opération terminée, on me « débrancha » et on me « transbahuta » de la table sur mon ancien lit si douillet. On m’aida à me rhabiller et on m’emmena en salle de réveil. De jolies montgolfières étaient suspendues au plafond et ça faisait du bien ! C’était chaleureux et digne d’une sortie des enfers.
Il était 9h. Une fois « rebranchée » pour contrôler mon pouls, cette fois toutes les 5minutes, on me laissa seule. Je me touchais le ventre…J’avais l’impression de toucher un cadavre tant la peau était lâche. Je me sentais à moitié morte ! Les tremblements qui s’étaient calmés reprenaient de plus belle. On me dit que c’était le réveil de mon corps, ça entraînait tremblements et fourmillements. Je regardais passer l’heure et priais pour que vous ne reveniez pas trop tôt, je voulais être en forme pour te prendre et m’occuper de toi. Vingt minutes plus tard, je sentis quelque chose sur mon gros orteil. La pince qui se trouvait sur mon doigt gauche pendant l’opération avait été transférée. On me dit que c’était bien, si je sentais ça, j’étais presque prête à retourner en chambre.
IL était 9h35 lorsque vous êtes entrés dans la salle. Tu pleurais et l’on me dit que tu avais faim. On m’aida à te mettre au sein. Ensuite tout s’est enchaîné. Les nuits blanches, les seins crevassés, les interrogations…Toutes les questions que je n’osais pas poser parce que j’avais été une femme modèle, me renseignant dans les livres et les revues toute ma grossesse….Donc évidement, j’étais bien imprégnée du mythe qui dit que seule une mère sait ce dont son enfant a besoin ! Seulement, ce qui s’avère être vrai après 6 mois de cohabitation ne l’est pas à la naissance ! Mais je n’avais déjà pas su te mettre au monde alors je devais tout savoir pour la suite ! Enfin, on a survécu…Cela ne se ressent peut-être pas dans ce récit mais le personnel de l’hôpital (mis à part l’anesthésiste) a été super ! Ils ont fait leur travail admirablement. Si je l’ai si mal vécu, c’est simplement parce que j’aurais aimé participer à cet évènement primordial plus activement et que j’ai été dans l’impossibilité de le faire !
J’ai passé des heures à me demander si j’avais pris la bonne décision, si je n’aurais pas du tenter une version, si je n’aurais pas du attendre le début du travail pour faire cette césarienne ou trouver un médecin qui me laisse accoucher par voie basse avec un bébé en siège…J’ai passé cette première grossesse à suivre à la lettre ce qu’une doctoresse avec laquelle je n’avais aucun feeling me disait de faire. Durant les mois qui ont suivi ta naissance, j’ai changé de gynécologue, et me suis promis que plus jamais je n’aurais de césarienne, sauf en cas d’urgence extrême, même si pour cela, je dois accoucher seule chez moi. Peu de monde comprend ce raisonnement alors peut-être qu’à la suite de cette lecture, sans pour autant l’approuver, ils comprendront !
Aujourd’hui, si j’ai écrit ce petit résumé d’un grand jour qui a changé ma vie à jamais, c’est parce que je l’ai enfin accepté. Ce fut un travail long et difficile et je sais que s’il m’est a nouveau donné d’être enceinte, un labeur plus dur encore m’attend pour pouvoir tenter de réaliser un accouchement épanouissant. J’ai perdu la confiance que j’avais en moi, je me suis sentie rejetée de cet accouchement, non concernée et peu importante…comme si ce que d’autres femmes font depuis la nuit des temps, je n’en étais pas capable.
Je tiens à préciser, qu’à aucun moment je t’en ai voulu ou t’en ai rendu responsable ! J’imagine que toi aussi tu as souffert de cette naissance trop rapide et brutale. Si je regretterais toujours cette fin de grossesse frustrante, jamais je ne regretterais d’avoir eu une si parfaite petite fille.
Avec toute mon affection.
Ta maman qui t’aime.