Mon accouchement, sa naissance.

Aaah le grand monde des récits d'accouchements! Toutes ces émotions, ces sensations, ces beautés, ces peurs, cette force, cette intensité!! Me voilà APRÈS ce fabuleux passage et je veux partager mon vécu, transmettre plus loin un exemple parmi d'autres d'une naissance...
Ce récit commence un mercredi d'avril, l'après-midi. Il se passe quelque chose dans ma culotte...ahah ;-)...Des traces, qui se répètent. Je comprends que le bouchon muqueux commence à se liquéfier. Petit coup d'adrénaline: on y est donc! Presque!
Dans la soirée, des contractions. Oh ça ressemble à ça! Assez proche des douleurs de règles mais pas tout à fait pareil non plus. Localisées dans le bas ventre uniquement (et elles le resteront tout au long du processus). Toutes les 8, 7, 5, 10, 7, 5...minutes. J'entre dans un sas où je vis uniquement dans le présent. J'écoute et je vis la contraction, l'une après l'autre.
Petit coup de fil, vers minuit, à ma sage-femme, B., pour l'informer de la mise en route de quelque chose. Elle me conseille de mettre une bouillotte chaude sur mon bas du dos (puisque je n'ai pas moyen de prendre un bain chez moi) et de voir si je peux dormir un bout.
Le futur papa vient se lover contre moi. Il me dit sa fébrilité, ses peurs. Je lui dis que nous ne pouvons pas résister ni réfléchir; la nature prend ses droits.
A 4h, je me réveille et je minute à nouveau les contractions, qui restent tout à fait gérables et sont au plus proche toutes les 5min. A 7h, tél avec ma sf, qui va gentiment venir chez nous pour me contrôler et confirmer que le travail, ou pré-travail, a commencé. Et en effet: col effacé, ouvert à 1,5 doigts. B. repart chez elle en nous conseillant une balade à l'extérieur...et de donner des nouvelles vers midi.
Durant la balade, l'intensité et la fréquence des contractions croissent d'un coup. On ne fait pas long, car je dois m'arrêter pour souffler à chaque vague. Retour dans mon lit pour la suite de la matinée, où je dois commencer à chercher la meilleure position pour atténuer la sensation des contractions. Le quatre pattes fonctionne bien. Le papa vaque à ses occupations tout en veillant à mon état, régulièrement.
Je communique alors avec ma maman qui, "par hasard" me demande par sms si tout est calme encore aujourd'hui. Héhé, non...ça bouge, ça pulse, ça s'ouvre...gentiment, gentiment.
A midi, nous décidons avec B. de se retrouver à l'hôpital en tout début d'après-midi. Elle m'informe que la "salle nature", dans laquelle nous espérons vivre cette naissance, est libre. Génial!!
Pendant le trajet vers l'hopital, les contractions s'espacent. Je me dis "tiens donc, le travail peut avancer puis se calmer etc etc...". Je ne croirais pas si bien dire !
Je m'enthousiasme pour la salle de naissance que je vois pour la première fois. Un grand lit rond, une belle baignoire, des couleurs chaleureuses, une odeur de lavande, un peu de musique. Merci merveilleuse sage-femme pour cette ambiance de paix!
Contrôle: je suis à 2cm. Oh là, j'avoue que j'aurais espéré deux de plus!!
Les contractions mettront du temps à reprendre et à se rapprocher. Et l'ouverture de mon col sera de 1cm...toutes les 2 heures ou même plus. Les endorphines sont déjà là et je trouve mes contractions douces, toujours gérables avec un bon temps de récupération entre deux (5 min). Mais, durant cette longue phase de dilatation, mon cerveau va plusieurs fois reprendre le dessus, et manifester des craintes. "Comme c'est long! Et si on doit me transférer dans une autre salle et me donner des hormones pour accélérer? Et si bébé se met à souffrir? Et si..? Et si...?" Me voyant ainsi, B. me propose une légère anesthésie dans la fesse, qui devrait me permettre de dormir et de revenir dans ma bulle où je pourrai plus facilement lâcher et ouvrir ce qui doit. Mon amoureux n'est pas chaud pour cette petite "intervention". Il craint pour son bébé. Mais moi, je fais confiance à B. et j'accepte. Et en effet je dors, et ça avance un peu. Là, je dois dire que je perds la notion du temps. Nous sommes sûrement en soirée déjà.
Tout au long de ce processus, il me semble être restée en lien, en communication, avec ma fille qui faisait son incroyable travail à elle également pour aller vers sa naissance. Mais je n'arrive plus à me rappeler exactement comment j'ai communiqué avec elle, c'est flou.
Vers 21-22h, je sais que B. me propose de percer la poche des eaux. Là encore, nous devons faire avancer le processus qui prend vraiment son temps. J'accepte, je fais confiance. B. doit s'y reprendre à 2-3 fois. Elle ne se laisse pas si facilement percer cette poche.
Ensuite, je dois dire que je perds un peu la notion du temps. Les contractions gagnent un peu en intensité et je me mets souvent à quatre pattes sur le lit pour les gérer, pour souffler. Mon amoureux est à mes côtés, il me masse régulièrement. J'ai perdu une partie du souvenir de ces heures là. Mais je sais que la dilatation avance. Je choisis d'aller dans l'eau pour vivre plus facilement l'intensité des contractions qui croît. Dans l'heure qui précède le début de la poussée (nous avons passé minuit), je peux dire que oui là j'ai mal, bien mal. Le sommet de la contraction est force et puissance. J'ai des hauts le coeur. Je voudrais vomir mais rien ne vient. A plusieurs reprises, B. presse sur deux points dans mon dos et la contraction présente redevient alors une vague moins impressionnante.
B. veut me contrôler mais je refuse, la zone devient trop "occupée". Elle respecte, se basant sûrement sur ce qu'elle voit, mes manifestations, pour estimer que je suis proche de la dilatation complète. Mon corps commence alors à pousser de lui-même. B. me dit de ne pas pousser en me crispant, mais de souffler le bébé vers le bas. Je la suis, je fais au mieux. Je pense alors à ce que ma maman m'a dit de ma naissance à moi: "lorsque tu peux pousser, c'est un énorme soulagement. Tu n'as plus mal". Ouh là, je ne vis pas la même chose, et je râle intérieurement contre ça ;-) Pour moi, ce moment reste très intense en sensations et en douleurs. Je sens la tête de ma fille qui avance, qui distend les tissus de mon périnée...puis recule. Combien de temps ce temps dure-t-il? Aucune idée. Mon homme me tient les mains. Je le sens fatigué par tout ce long travail, somnolent. Je lui dis que j'ai besoin de lui, de sa présence et sa force.
Puis une nouvelle contraction...la tête avance....ça s'étire, beaucoup beaucoup, et la tête sort. B. m'invite à la toucher. J'approche ma main tout doucement, presque avec la crainte de ce que je vais rencontrer. Je change de position pour appuyer mon dos contre la baignoire (j'étais à genoux depuis un moment). B. dégage la tête de ma fille, enlève le cordon qui était lâche autour du cou. Je râle, je ne veux pas qu'on me touche, je ne veux plus avoir mal. Puis la contraction suivante arrive. B. me dit: "cette fois, pousse!! Fort!". Et en un flos puissant, tout le corps de mon bébé sort. Là, au ralenti, je peux revoir son petit corps en transparence sous l'eau, porté par la sage-femme, qui l'amène vers ma peau, vers mon coeur. Ma fille!! Tu es là!! C'était donc toi cette magnifique personne que j'ai eu tant de bonheur à porter, avec qui j'ai adoré vivre et converser et partager de l'amour pendant 9 mois. Tu es là sur mon coeur avec tes yeux grands ouverts et tes petites mains qui s'ouvrent. Tu pousses un mini cri tout court. Tu entends la voix de ton papa et tu tournes la tête vers lui. Il en est ému. Je suis un peu sidérée par ce que nous venons de vivre. Mes émotions ne sortent pas par des larmes, mais tout mon corps tremble. J'émerge gentiment d'un autre monde. Je sens la joie et la fierté d'avoir tenu, d'avoir pu donner naissance à ma puce comme je sentais qu'elle le souhaitait. Avec de la douceur et de la paix.
Notre fille est née à 2h et quelques du matin. Nous attendons que le cordon ait fini de pulser et la papa le coupe. Puis, protocole hospitalier oblige, ma fille part avec son papa pour un premier examen par la nurse ou le pédiatre, je ne sais plus. Pendant ce temps, je sors de l'eau. B. me douche brièvement. Sur le lit, je fais sortir le placenta. Ouf, il est entier! C'était une de mes inquiétudes. B. contrôle mon périnée. Déch 2. Bon, ok, je pensais bien que ma peau pâle allait difficilement résister. B. appelle la gygy de garde, qui vient me recoudre. Je crains la douleur, je demande à être anesthésiée. En fait, je ne sentirai rien de cette couture.
Mon homme et notre fille reviennent. Nous comprenons alors que nous avons le droit et le temps de nous installer dans le grand lit rond de la salle, pour y dormir quelques heures...jusqu'au matin. Quel bonheur d'avoir ce temps à 3, de récupération et de début d'intégration de cet incroyable moment que nous venons de vivre!
Aujourd'hui, ma fille a presque 1 mois et je suis en train d'intégrer gentiment toutes les transformations vers lesquelles ces 9 derniers mois m'ont/nous ont amenée/és! Il y a le passage d'une vie de 2 à 3. Des changements dans la présence que mon amoureux et moi pouvons avoir l'un pour l'autre actuellement. Il y a aussi le deuil de la grossesse, du bébé dans mon ventre...une étape à vivre! Il y a l'apprentissage pour connaître la petite personne qui nous a rejoints, ses besoins, sa personnalité. Il y a mes besoins personnels, ceux du papa, ceux du bébé....et la danse entre les 3. Etc.etc.
Merci à toi/vous qui avez eu envie de lire cet humble témoignage d'une expérience d'amour avant tout, si unique et si commune.

Merci à toi d'avoir pris le temps de mettre tout ça par écrit! Très beau récit, très belle naissance!

Très joli témoignage <3

magnifique naissance, pleine de sérénité et de douceur :-)
plein de bonheur à 3!

PetiteBijou
Lilypie Second Birthday tickers

www.familles-nombreuses.ch dès 3 enfants

merci pour ton joli témoignage dont il ressort, je trouve, beaucoup de sérénité, beaucoup de paix.

Merci pour vos retours les filles !!
C'était en effet important pour moi de transmettre qu'il y a eu de la sérénité et de la paix dans ce grand moment qui était aussi un challenge bien sûr.

Merci beaucoup pour ce beau témoignage ! J'ai accouché il y a 6 mois, chez moi, dans l'eau. Et a te lire j'ai eu l'impression de re-vivre mon accouchement ! Ils sont très similaires!
Belle suite à vous trois !!!